

Trail: à 39 ans, le champion de l'UTMB François D'Haene a "toujours la même envie"
Treize ans après sa première victoire à l'Ultra-Trail du Mont Blanc, François D'Haene a à 39 ans toujours "la même envie de prendre le départ" vendredi qu'à ses débuts, lui qui vise un cinquième titre inédit pour son retour dans la compétition, a-t-il expliqué jeudi.
Q: Vous enchaînez les belles performances sur les très longues distances depuis quelques mois. Etes-vous dans la forme de votre vie ?
R: "On verra vendredi ! Mais oui, cet été s'est très bien passé pour moi. Je suis très content de ma préparation. C'est toujours un peu stressant de devoir enchaîner les projets, mais j'ai réussi à trouver le bon équilibre pour arriver prêt au bon moment. J'ai déjà plusieurs éditions derrière moi, donc je sais maintenant ce qui me convient. J'ai voulu construire une saison qui me plaisait et qui me permette d'arriver sur la ligne de départ avec toutes mes chances. Maintenant, il n'y a plus qu’à espérer que le jour J, le corps réponde bien".
Q: Une cinquième victoire vous permettrait de devenir l'homme le plus titré de l'UTMB, devant Kilian Jornet. Est-ce une pression supplémentaire ?
R: "Beaucoup disent que je viens juste chercher cette cinquième victoire... Évidemment, j'ai déjà gagné quatre fois, donc je ne suis pas là juste pour admirer le Mont-Blanc. Si je peux encore faire une belle course et pourquoi pas gagner, j'en serai très heureux. Mais j'ai eu la chance de l'emporter plusieurs fois, et beaucoup d'autres coureurs rêvent aussi de s'imposer ici. Alors on verra. C'est une pression, oui, mais une pression plutôt agréable".
Q: Votre dernière participation remonte à 2021. Cette course vous manquait ?
R: "Je n'ai jamais vraiment perdu l'envie de venir. En réalité, c'est plutôt un choix personnel. En 2014, j'avais enchaîné trois grandes courses dans la même saison, puis l'UTMB et la Diagonale des Fous, que j’ai eu la chance de gagner. Mais je me suis dit:'Si je continue comme ça, dans deux ou trois ans je serai lassé'. Pas forcément des courses en elles-mêmes, mais des préparations, des routines, de la répétition. Alors j’ai décidé d’espacer mes participations".
Q: Comment s'est passée la préparation justement ?
R: "J'étais très content de revenir sur les sentiers autour du Mont-Blanc. Comme ce n’est pas une course que je fais chaque année, cette fois-ci j’ai vraiment apprécié de refaire des reconnaissances, de me réhabituer. Du coup, je n'ai ressenti aucune lassitude, au contraire. Je suis très heureux d'être là. C'est toujours aussi beau, et j'espère vraiment ne jamais m'en lasser".
Q: Depuis vos débuts en 2006, la popularité de l'UTMB a explosé. Les bords de sentiers sont parfois bondés, comment le vivez-vous ?
R: "C'est vrai qu'il y a des endroits où il y a énormément de monde. Ça crée une ambiance incroyable, un vrai soutien, et c'est aussi ce qui fait la magie de l’UTMB. Il y a vingt ans, ce n'était pas du tout la même chose. Mais il faut rassurer ceux qui imaginent que c'est comme ça tout le long. Les images qu'on voit, ces moments un peu euphoriques, remplis de spectateurs, ne couvrent pas les 170 kilomètres. Il y a aussi énormément de passages où l’on se retrouve totalement seul. Et finalement, c'est cette alternance qui rend la course unique".
Q: Etant donné que vous venez une fois tous les quatre ans, doit-on en déduire que c'est votre dernière participation ?
R: "Honnêtement, je ne sais pas. Si en 2012 on m'avait demandé si je serais encore là treize ans plus tard, j'aurais sûrement répondu non. Alors, difficile de se projeter. Ce dont je suis sûr, c'est que je suis très heureux d'être là. À un moment, je me suis dit que plusieurs années entre deux éditions, c'était peut-être dommage car j'aurais pu tenter ma chance davantage. Mais finalement, je me rends compte qu'avec ce système, j'ai toujours la même motivation, la même envie de prendre le départ. Donc je suis content d'avoir fait ce choix".
Propos recueillis en conférence de presse
U.Hartmann--FFMTZ