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Trente-sept ONG menacées par Israël d'interdiction d'accès à Gaza, l'ONU et l'UE protestent
Trente-sept ONG menacées par Israël d'interdiction d'accès à Gaza, l'ONU et l'UE protestent / Photo: Eyad Baba - AFP/Archives

Trente-sept ONG menacées par Israël d'interdiction d'accès à Gaza, l'ONU et l'UE protestent

Trente-sept organisations humanitaires sont menacées d'interdiction d'accès à Gaza dès jeudi, si elles ne transmettent pas d'ici là aux autorités israéliennes le nom de leurs employés palestiniens, une mesure dénoncée par l'ONU et l'Union européenne.

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Un porte-parole du ministère israélien de la Diaspora et de la lutte contre l'antisémitisme a donné ce chiffre à l'AFP mercredi et publié la liste des ONG visées. Parmi elles figurent Médecins sans frontières (MSF), le Norwegian Refugee Council, Care, World Vision et Oxfam.

"Ils ne veulent pas remettre la liste de leurs employés palestiniens parce qu'ils savent, comme nous le savons, que certains d'entre eux sont impliqués dans le terrorisme ou liés au Hamas", a accusé Gilad Zwick, en référence au mouvement islamiste dont l'attaque le 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre à Gaza.

Ces organisations "auraient pu régler cela" mais "n'ont rien fait depuis dix mois. Et ce n'est pas un hasard".

Les ONG peuvent encore s'exécuter d'ici minuit mercredi (22h00 GMT) pour échapper à l'interdiction. Mais "je doute fortement qu'elles fassent soudainement en moins de 12 heures ce qu'elles n'ont pas fait en dix mois, a-t-il ajouté.

- "Pas de passe-droit" -

"Elles devront satisfaire pleinement et clairement à tous les critères établis. Pas de passe-droit, pas de combine".

Peu auparavant, l'Union européenne a averti Israël que cette suspension empêcherait l'acheminement d'une aide vitale sur un territoire dévasté par deux ans de guerre.

"Tous les obstacles à l'accès (de l'aide) humanitaire doivent être levés", a écrit la commissaire européenne Hadja Lahbib sur X.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a de son côté appelé les Etats à exiger d'Israël un changement de cap, jugeant que "de telles suspensions arbitraires (aggravaient) encore une situation déjà intolérable pour la population de Gaza".

Un cessez-le-feu précaire est en vigueur depuis octobre dans le territoire palestinien.

Pour les autorités israéliennes, la nouvelle règlementation vise à empêcher des "acteurs hostiles ou des soutiens du terrorisme" d'opérer.

Mardi, elles ont également précisé que "les actes de délégitimation d'Israël, les poursuites judiciaires contre des soldats de Tsahal (armée israélienne, NDLR), la négation de la Shoah ainsi que la négation des événements du 7 octobre (constituaient) des motifs de retrait de licence".

- "Précédent dangereux" -

Le ministère israélien de la Diaspora et de la lutte contre l'antisémitisme accuse nommément MSF d'avoir employé des individus "entretenant des liens avec des organisations terroristes".

Contactée par l'AFP, l'ONG a répondu mardi qu'elle "n'emploierait jamais sciemment des personnes engagées dans des activités militaires" et assuré "poursuivre le dialogue" avec les autorités.

Mardi, les ministres des Affaires étrangères de dix pays, dont la France et le Royaume-Uni, avaient déjà exhorté Israël à "garantir un accès" à l'aide dans la bande de Gaza, où la situation humanitaire demeure "catastrophique".

Selon un message sur X de l'ambassadrice d'Israël en Belgique, Idit Rosenzweig-Abu, "104 organisations ont déposé une demande d'enregistrement (...). Seules 9 ont été rejetées. 37 n'ont pas achevé la procédure".

La question de l'aide et de son utilisation est extrêmement sensible depuis le début de la guerre. En 2024, Israël avait déjà interdit à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) d'opérer sur son sol, accusant certains de ses employés de participation à l'attaque du 7-Octobre.

Le patron de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a qualifié mercredi la réglementation israélienne de "dangereux précédent". Selon lui, "ces restrictions s'inscrivent dans un schéma préoccupant de mépris du droit international humanitaire et de multiplication des obstacles aux opérations d'aide".

Selon le Cogat, l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, 4.200 camions d'aide entrent en moyenne à Gaza chaque semaine, soit environ 600 par jour, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Mais seuls 100 à 300 transportent de l'aide humanitaire, selon des ONG et les Nations unies.

N.Friedrich--FFMTZ