La Russie frappe la ville de Kiev à la veille d'une rencontre Zelensky-Trump
La Russie a frappé samedi la capitale ukrainienne, Kiev, avec des centaines de drones et dizaines de missiles, faisant deux morts et provoquant des coupures de courant dans des centaines de milliers de foyers, à la veille d'une rencontre prévue en Floride entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump.
Cette réunion entre les présidents ukrainien et américain portera sur l'épineuse question des territoires et celles des garanties de sécurité occidentales, dans le cadre des efforts de Washington pour mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.
Ces attaques ont provoqué un incendie dans un immeuble résidentiel et fait un mort et 28 blessés, selon le maire Vitali Klitschko. Il a ajouté que "2.600 immeubles d'habitation, 187 crèches, 138 écoles et 22 établissements sociaux" étaient privés de chauffage.
Elles ont également coûté la vie à une personne et fait huit blessés dans la région de Kiev, a indiqué le gouverneur Mykola Kalachnyk.
Selon la Première ministre Ioulia Svyrydenko, près de 600.000 foyers sont privés d'électricité.
Ces nouvelles frappes montrent que la Russie "ne veut pas mettre fin à la guerre", a déclaré Volodymyr Zelensky, qui s'exprimait avant son départ pour les Etats-Unis.
Il a ensuite annoncé être en route vers la Floride, avec une escale au Canada, où il s'entretiendra avec le Premier ministre Mark Carney et par visioconférence avec les alliés européens de Kiev.
- "Torpiller" les négociations -
Volodymyr Zelensky et Donald Trump évoqueront en Floride le plan américain visant à mettre fin à la guerre, présenté par Washington il y a près d'un mois. Le président ukrainien a présenté cette semaine la nouvelle mouture de ce document, retravaillé après d'âpres négociations avec Kiev.
Cette nouvelle version propose un gel du front aux positions actuelles sans offrir de solution immédiates aux revendications territoriales de la Russie, qui contrôle environ 19% de l'Ukraine.
Contrairement à la version originale du plan américain, qui était considéré par Kiev comme trop favorable à Moscou, le nouveau document abandonne deux exigences clés du Kremlin: un retrait des troupes ukrainiennes de la région orientale de Donetsk et un engagement de l'Ukraine juridiquement contraignant de non-adhésion à l'Otan.
Dans ces conditions, la validation de cet accord par Moscou paraît improbable. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a ainsi accusé vendredi Kiev et ses alliés européens de "redoubler d'efforts" pour "torpiller" les négociations, en poussant à des modifications inacceptables pour la Russie.
Le nouveau texte "diffère radicalement" de ce qui avait été négocié entre Washington et Moscou, a constaté M. Riabkov, appelant à revenir aux ententes antérieures, faute de quoi "aucun accord ne pourra être conclu".
Les deux hommes évoqueront aussi les garanties de sécurité que les Occidentaux pourraient fournir à l'Ukraine dans le cadre d'un éventuel accord de paix avec la Russie.
"Il y a certaines questions dont nous ne pouvons discuter qu'au niveau des dirigeants", a expliqué le président ukrainien vendredi.
- Nouveau scandale de corruption -
Volodymyr Zelensky "n'a rien tant que je ne donne pas mon accord", a averti vendredi Donald Trump, dans un entretien au site internet Politico. "Je pense que ça se passera bien avec lui. Je pense que ça se passera bien avec (le président russe Vladimir) Poutine", avec lequel il prévoit de s'entretenir "bientôt", a-t-il relevé.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fait savoir vendredi qu'un "contact téléphonique" avait "eu lieu" entre Russes et Américains mais a refusé d'en révéler les détails.
Avant sa rencontre avec Donald Trump, M. Zelensky s'est entretenu vendredi avec plusieurs dirigeants dont le chancelier allemand Friedrich Merz, ainsi qu'avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.
Downing Street a fait savoir que le Premier ministre britannique Keir Starmer avait échangé vendredi après-midi avec le président français Emmanuel Macron et M. Merz, réaffirmant leur objectif d'une "paix durable".
Juste après le départ de M. Zelensky pour les Etats-Unis, un nouveau scandale de corruption a éclaté en Ukraine. L'agence nationale anticorruption (NABU) a accusé plusieurs députés d'avoir accepté des pots-de-vin en échange de leur vote au Parlement, et annoncé avoir tenté de perquisitionner des locaux gouvernementaux mais d'en avoir été empêchée par les forces de sécurité.
La présidence ukrainienne avait déjà été ébranlée en novembre par un vaste scandale de corruption dans le secteur énergétique impliquant des proches du président Zelensky. Son chef de cabinet, Andriï Iermak, le principal négociateur avec Washington, avait dû démissionner.
C.Engel--FFMTZ