Frankfurter Tageszeitung - Droits de douane américains sur le vin: les exportateurs français déçus mais pas résignés

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Droits de douane américains sur le vin: les exportateurs français déçus mais pas résignés
Droits de douane américains sur le vin: les exportateurs français déçus mais pas résignés / Photo: GEORGES GOBET - AFP/Archives

Droits de douane américains sur le vin: les exportateurs français déçus mais pas résignés

Une "immense déception": producteurs et exportateurs français de vins ont déploré jeudi l'échec des négociations pour exempter leurs produits des 15% de droits de douane américains, tout en insistant sur la possibilité de poursuivre les discussions avec les Etats-Unis, premier marché de la filière à l'export.

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"Il y a une immense déception, parce qu'on a travaillé énormément pour obtenir l'exemption et elle était à portée de main. Nous avons la certitude que cela entraînera de grosses difficultés pour la filière des vins et spiritueux", a déclaré à l'AFP Gabriel Picard, président de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS).

Selon lui, ces 15% s'ajouteront aux "15% d'effets de change que la filière observe déjà" en exportant aux Etats-Unis, son premier marché, du fait de la faiblesse actuelle du dollar par rapport à l'euro.

En 2024, l'UE a exporté pour 8 milliards d'euros d'alcools, dont plus de 5 milliards de vin, aux Etats-Unis, son premier marché à l'exportation.

La France représente environ la moitié: 2,4 milliards d'euros de vin et 1,5 milliard de spiritueux ont été écoulés aux Etats-Unis (environ 25% de ses exportations).

"La défense de nos secteurs à l'export reste notre priorité. L'accord laisse ouverte la possibilité d'exemptions additionnelles, nous y travaillerons", a réagi pour sa part le ministre français du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.

Gabriel Picard, qui a salué l'engagement de la Commission européenne et de la France auprès de la filière, espère que "ce n'est pas la fin de l'histoire": "il y a encore des portes ouvertes pour négocier (...) des exemptions ou des aménagements (...) on a encore un fil de discussion ouvert, ça ne va pas changer le très court terme, mais on espère que ça pourra changer le moyen terme".

La FEVS avertit sur les risques pour les producteurs européens mais aussi pour les secteurs liés au vin aux Etats-Unis: "un dollar expédié aux Etats-Unis, c'est cinq dollars d'activité générés aux Etats-Unis", selon Gabriel Picard pour qui c'est l'argument qui pourrait convaincre le président américain Donald Trump qu'une exemption serait "gagnant-gagnant".

- Champagne, Bordeaux et Beaujolais -

"C'est une mauvaise nouvelle parce que c'est un frein supplémentaire au commerce et à l'exportation des vins de Bordeaux aux Etats-Unis", qui représentent de loin leur premier marché, a réagi auprès de l'AFP Christophe Chateau, directeur de la communication du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux).

"C'est mieux que ce qui nous avait été annoncé, qui aurait pu être pire, mais ce n'est jamais une bonne nouvelle", a-t-il ajouté, en faisant référence aux menaces de Donald Trump ces derniers mois de taxes douanières à 200%, puis 20%, puis 50% ou encore 30%.

"On est déçu. (...) La sanction est tombée, maintenant on va réfléchir à la réaction - au niveau individuel, pas au niveau collectif: c'est-à-dire une négociation entre les entreprises et les distributeurs et importateurs américains (...) Une relation, une discussion économique, c'est une discussion qui n'est jamais fermée", a réagi Maxime Toubart, co-président du Comité Champagne.

Cette discussion est d'autant plus cruciale selon lui que le marché américain représentait 10% des exportations pour le champagne en volume, soit 820 millions d'euros en 2024. Il sera difficile de "réorienter" de tels volumes vers d'autres régions, a-t-il ajouté.

Le président de l'interprofession du Beaujolais Jean-Marc Lafont s'est montré pragmatique: "on ne s'attendait pas exactement à être exempté". "Ce ne sera pas sans impact", a-t-il dit, soulignant que les effets ne pourront être mesurés qu'a posteriori, une fois que le coût aura, ou non, été répercuté sur les consommateurs.

Les Etats-Unis représentent 30% des exportations de Beaujolais.

T.Sauer--FFMTZ