L'ONU appelle à "inonder" Gaza d'aide alimentaire pour éviter la famine
Les agences de l'ONU ont appelé mardi à "inonder" d'aide alimentaire la bande de Gaza, menacée d'une "famine généralisée", où le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que la guerre avec Israël avait déjà fait plus de 60.000 morts.
A la faveur d'une pause partielle dans les bombardements annoncée par Israël, de nouvelles cargaisons d'aide humanitaire ont été acheminées mardi dans le territoire palestinien assiégé, jugées insuffisantes par les organisations internationales.
"Le filet d'aide doit devenir un océan", a lancé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gueterres.
Sur une plage proche de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, des Palestiniens ont dû se jeter dans la mer pour sauver ce qu'ils pouvaient quand des parachutes sont tombés dans l'eau.
"Nous avons dû nager pour récupérer de la nourriture pour nos enfants. La plupart des denrées tombées dans la mer sont perdues", a raconté à l'AFP un père de famille, Ismaïl al-Aqraa.
Malgré la pause des combats, la Défense civile a fait état de 30 morts dont 12 enfants dans des raids israéliens nocturnes sur le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.
- L'Ethiopie et le Biafra -
"Nous devons inonder Gaza, immédiatement et sans entrave, d'aide alimentaire massive, et la maintenir chaque jour afin d'éviter une famine généralisée", a déclaré Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), dans un appel conjoint avec l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Unicef.
Un organisme international soutenu par l'ONU a averti que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire, près de 22 mois après le début de la guerre.
"Plus de 20.000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet" et les hôpitaux ont signalé au moins 16 décès d'enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet, souligne ce rapport de l'IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), fruit du travail d'ONG, d'institutions régionales et d'agences de l'ONU.
Pour le PAM, la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Ethiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui accusé Israël de "tuer par la faim" la population de Gaza, affirmant que les images provenant du territoire palestinien étaient "plus brutales" que celles des camps nazis.
Prenant le contre-pied des affirmations du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a lui-même affirmé lundi qu'il y avait des signes d'une "vraie famine" à Gaza.
"Nous autorisons déjà des quantités importantes d'aide humanitaire à entrer à Gaza (...) Malheureusement, le Hamas (...) a volé l'aide destinée à la population, souvent en tirant sur des Palestiniens", s'est défendu mardi le bureau de Benjamin Netanyahu.
Les autorités israéliennes ont annoncé que l'aide transportée par plus de 200 camions avait été distribuée lundi par l'ONU et des agences humanitaires et qu'environ 260 autres camions avaient été autorisés à entrer à Gaza, ainsi que quatre camions-citernes de l'ONU transportant du carburant.
Mais l'ONU estime qu'il faudrait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour subvenir aux besoins immenses des plus de deux millions de Palestiniens de Gaza.
- Plus de 60.000 morts -
Début mars, Israël avait totalement interdit l'entrée de l'aide à Gaza, avant d'autoriser fin mai des quantités très limitées.
Mais face à une forte pression internationale, Israël a annoncé dimanche une pause des hostilités durant la journée dans certains secteurs, à des fins humanitaires.
Ajoutant à l'isolement d'Israël, le Royaume-Uni a rejoint la France mardi en annonçant qu'il reconnaîtrait en septembre l'Etat de Palestine, sauf si Israël prend un certain nombre d'engagements dont celui d'un cessez-le-feu à Gaza. Israël a rejeté cette annonce.
L'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
A Gaza, l'opération israélienne menée en représailles a fait 60.034 morts, a annoncé mardi le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
H.Roth--FFMTZ