Frankfurter Tageszeitung - Forte inflation en avril au Royaume-Uni, au-delà des prévisions

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Forte inflation en avril au Royaume-Uni, au-delà des prévisions
Forte inflation en avril au Royaume-Uni, au-delà des prévisions / Photo: JUSTIN TALLIS - AFP

Forte inflation en avril au Royaume-Uni, au-delà des prévisions

Affectés par la hausse des factures des ménages, mais aussi des cotisations patronales, les prix ont fortement fortement augmenté en avril sur un an au Royaume-Uni, l'inflation atteignant 3,5%, au-delà des prévisions.

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Cette hausse, annoncée mercredi par l’Office national des statistiques (ONS), contraste avec le ralentissement observé en mars, lorsque l’inflation était tombée à 2,6%, apportant alors une bouffée d'oxygène au gouvernement travailliste de Keir Starmer.

Bien que largement anticipée, la hausse des prix en avril est supérieure aux prévisions des économistes, qui tablaient sur 3,3%.

"Les factures de gaz et d'électricité ont augmenté ce mois-ci, alors qu'elles avaient fortement baissé l'année dernière à la même époque", en raison d'une hausse significative des plafonds des prix de l'énergie, fixés par le régulateur britannique du secteur, l'Ofgem, souligne l'économiste en chef de l'ONS Grant Fitzner.

"Les factures d'eau et d'assainissement ont également fortement progressé cette année", tout comme les taxes sur les véhicules, ce qui a poussé l'inflation "à son plus haut niveau depuis le début de l'année dernière", a-t-il ajouté.

Selon Grant Fitzner, cette dynamique a cependant été "partiellement compensée par la baisse des prix des carburants et de l'habillement, due à une forte réduction du coût des vêtements pour enfants et des chaussures pour femmes".

- "Awful April" -

La ministre britannique des Finances Rachel Reeves, qui s'était félicitée mi-mai d'une croissance de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, s'est dite "déçue par ces chiffres". Mais "nous sommes loin de l'inflation à deux chiffres que nous avons connue sous l'administration précédente", a-t-elle ajouté.

Les prix s'étaient envolés lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, avec la réouverture de l'économie post-pandémie et la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine, l'inflation grimpant jusqu'à 11% fin 2022 avant de redescendre.

Surnommé "Awful April" (Terrible avril) par la presse britannique, ce mois a aussi "marqué le début de l'augmentation des cotisations patronales" ainsi que celle du salaire minimum, ce qui a probablement contribué à l'inflation, souligne Lindsay James, analyste chez Quilter.

"Même en excluant la hausse attendue des prix de l'énergie, l'inflation sous-jacente a également atteint son plus haut niveau en un an en avril, ce qui n'est pas du tout encourageant", remarque pour sa part Matthew Ryan, analyste chez Ebury.

Il estime que ces données mettront un terme "à la possibilité d'une nouvelle baisse des taux d'intérêt au Royaume-Uni pendant quelques mois".

La Banque d'Angleterre a réduit début mai son principal taux directeur d'un quart de point de pourcentage, à 4,25%, estimant que les droits de douane américains étaient susceptibles faire ralentir l'inflation britannique.

- "Extrêmement préoccupant" -

Cette décision avait été prise avant l'annonce d'un accord du Royaume-Uni avec les Etats-Unis, qui doit permettre à Londres d'échapper à certaines de ces taxes.

En attendant la mise en application réelle de l'accord, ces droits de douane sont cependant toujours en vigueur: 25% sur l'acier et les automobiles, 10% sur les autres produits -sauf rares exceptions.

La BoE avait estimé dans son rapport que leur impact sur le Royaume-Uni était "davantage susceptible d'être désinflationniste qu'inflationniste".

Il s'agissait de la quatrième baisse de taux de la BoE depuis le début de son cycle d'assouplissement monétaire en août 2024.

"La question est de savoir si la hausse de l'inflation est un phénomène temporaire ou plus permanent", s'interroge désormais Susannah Streeter, d'Hargreaves Lansdown.

Elle estime que la forte hausse "du prix des services est extrêmement préoccupante, car ils ont tendance à être rigides" et qu'ils sont supérieurs au niveau attendu par la BoE.

"Plusieurs membres du comité de politique monétaire (de la BoE) sont désormais susceptibles de voter contre des réductions de taux dans les mois à venir, tant qu'il n'y aura pas de signes que l'inflation est à nouveau sous contrôle", pense-t-elle, elle aussi.

V.Lange--FFMTZ