

Présidentielle en Pologne: le pro-européen Trzaskowski et le nationaliste Nawrocki se qualifient pour le second tour
Le maire pro-européen de Varsovie Rafal Trzaskowski et l'historien nationaliste Karol Nawrocki s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle en Pologne le 1er juin, après être arrivés au coude-à-coude au premier tour dimanche, selon un sondage.
M. Trzaskowski est crédité de 31,2% des voix, contre 29,7% pour M. Nawrocki, le candidat soutenu par le parti Droit et Justice (PiS, conservateur) du président sortant Andrzej Duda, d'après ce sondage Ipsos pour la télévision publique TVP portant sur 90% des votes.
Le scrutin a démontré une montée en puissance de l'extrême droite dont deux représentants, le député libertarien Slawomir Mentzen et l'eurodéputé antisémite Grzegorz Braun, ont obtenu ensemble près de 22% des voix.
Le scrutin est décisif pour l'avenir du gouvernement centriste et pro-européen du Premier ministre Donald Tusk, en place depuis 2023, à un moment délicat pour le pays voisin de l'Ukraine en guerre. Les enjeux sont également importants pour le droit à l'avortement et les droits des minorités sexuelles.
"Ce résultat montre à quel point nous devons être forts, à quel point nous devons être déterminés", a déclaré M. Trzaskowski à ses partisans dans un stade à Sandomierz, dans l'est du pays.
"Je n'accepterai pas que de nouveaux traités de l'Union européenne soient signés et que la Pologne perde sa souveraineté dans de nombreux secteurs de la vie sociale", a assuré M. Nawrocki, tout en promettant d'empêcher "que la sécurité des femmes et des hommes polonais soit menacée par des migrants illégaux".
- Paralysé -
Le taux de participation a été de 66,8%, selon le sondage.
Le chef de l'Etat polonais a des pouvoirs limités, mais il dispose d'un droit de veto sur les initiatives législatives, une prérogative fréquemment utilisée par M. Duda face à la coalition de M. Tusk.
Une victoire de M. Trzaskowski permettrait au gouvernement de tenir ses engagements les plus importants qui n'ont pas été honorés. La coalition en place à Varsovie a en effet fait bien des déçus, en particulier parmi les défenseurs des droits des femmes - dont celui à l'avortement.
Elle lui donnerait aussi la possibilité de réaliser des progrès dans le rétablissement de l'Etat de droit, mis à mal par le précédent gouvernement populiste et le président sortant.
"Avec Nawrocki, le gouvernement sera de fait paralysé et cela peut mener à terme à la chute de la coalition au pouvoir", juge la politologue Anna Materska-Sosnowska.
Son succès signifierait "en réalité le retour des populistes, avec une force décuplée, au plus tard dans deux ans", aux prochaines législatives, selon elle.
Rafal Trzaskowski, 53 ans, a promis de soutenir le droit à l'avortement dans un pays où il est quasiment interdit, ainsi que ceux de la communauté LGBT+.
M. Nawrocki, 42 ans, qui dit admirer Donald Trump, affirme que le président américain lui a dit: "Vous allez gagner" lorsqu'ils se sont rencontrés à la Maison Blanche début mai.
- "Tout ou rien" -
"La partie pour tout ou rien ne fait que commencer. Une lutte acharnée pour chaque vote. Ces deux semaines décideront de l'avenir de notre patrie. C'est pourquoi il ne faut pas reculer ne serait-ce que d'un pas", a déclaré Donald Tusk sur X.
Selon Ewa Marciniak, sociologue et directrice de l'institut de sondages CBOS, la campagne pour le second tour "sera très brutale: chacun des candidats cherchera à tout prix à discréditer son rival, par tous les moyens possibles".
Le résultat du scrutin dépendra en grande partie des électeurs de l'extrême droite et notamment de M. Mentzen, qui est crédité de 14,5% des voix.
"C'est le plus grand succès dans l'histoire de notre camp", a clamé ce libertarien eurosceptique, fermement opposé à l'avortement, aux migrants et même aux réfugiés ukrainiens.
Selon Wojciech Przybylski de la fondation Res Publica, "plus de 20% des voix pour l'extrême droite signifie que Trzaskowski ne peut absolument pas être sûr de l'emporter".
"Le résultat du deuxième tour dépend du taux de participation et de la mobilisation des jeunes qui ont voté pour M. Mentzen et le candidat de gauche radicale Adrian Zandberg", lequel est crédité de 4,8% des voix, a-t-il ajouté.
F.Peters--FFMTZ