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Climat: divisée, l'UE essaye de ne pas arriver les mains vides au Brésil
Climat: divisée, l'UE essaye de ne pas arriver les mains vides au Brésil / Photo: NICOLAS TUCAT - AFP

Climat: divisée, l'UE essaye de ne pas arriver les mains vides au Brésil

Divisés sur leur trajectoire climatique en 2040, les pays européens vont tenter jeudi de se mettre d'accord a minima sur un message commun à porter lors de la prochaine grande conférence de l'ONU sur le climat au Brésil en novembre.

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L'Union européenne "continuera à jouer son rôle de leader" sur les enjeux climatiques, a assuré le commissaire européen Wopke Hoekstra à Bruxelles, juste avant une réunion de négociations qui s'annoncent difficiles entre les 27. "Au bout du compte, nous continuerons d'être soit les plus ambitieux, soit parmi les plus ambitieux", a-t-il martelé.

Faute de mieux, les ministres de l'Environnement vont discuter d'une simple "déclaration d'intention" sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne à l'horizon 2035.

L'idée serait d'approuver une fourchette de baisse des émissions dans les dix ans qui viennent - entre -66,3% et -72,5% par rapport à 1990. Puis de préciser la cible quand les 27 auront arraché un compromis sur leur trajectoire 2040.

"Cette approche permettrait à l'UE de ne pas arriver les mains vides" à un sommet onusien sur le climat dans une semaine aux Etats-Unis, puis à la COP30 au Brésil en novembre, souligne le Danemark, qui occupe la présidence tournante de l'Union européenne.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, doit défendre les ambitions climatiques de l'Europe le 24 septembre à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Le compromis proposé par les Danois est "loin d'être idéal", mais "c'est la meilleure option" à ce stade, considère Elisa Giannelli, du think tank E3G.

Cela "permet à l'Union européenne de sauver la face au niveau international".

- Profondes divergences -

Encore faut-il que les 27 donnent leur feu vert jeudi. "Je ne suis pas sûr qu'on y arrivera", prévient anonymement un responsable européen.

Bousculée par la poussée de l'extrême droite aux élections européennes de juin 2024, l'UE est beaucoup moins allante sur les enjeux environnementaux que lors du précédent mandat.

L'écologie peine à trouver une place dans l'agenda, dans un contexte géopolitique tendu.

A ce stade, les Européens n'arrivent pas à surmonter leurs divergences sur la proposition de la Commission européenne de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre en 2040 par rapport à 1990.

Le Danemark et l'Espagne poussent pour, mais des pays comme la Hongrie et la République tchèque sont contre au nom de la défense de leur industrie, et la France reste prudente.

La Commission a fait un geste début juillet, en proposant des flexibilités dans le mode de calcul: la possibilité d'acquérir des crédits carbone internationaux, à hauteur de 3% du total, qui financeraient des projets en dehors de l'Europe.

Mais cette concession n'a pas suffi.

- "Mauvais signal" -

La semaine dernière, la France et l'Allemagne ont provoqué la colère des organisations environnementales en réclamant d'abord une discussion entre chefs d'Etat et de gouvernement lors du sommet européen du 23 octobre à Bruxelles.

L'Europe est en train d'envoyer "un mauvais signal" et ne "montre pas son leadership en matière d'action climatique", peste Michael Sicaud-Clyet, de l'ONG WWF.

Le commissaire européen en charge du climat, Wopke Hoekstra, reste "convaincu que nous parviendrons à régler la question de 2040 avant notre arrivée à Belém", la ville brésilienne où se tiendra la COP30 du 10 au 21 novembre.

Avant de se prononcer, les autorités françaises réclament notamment des garanties sur le financement de la décarbonation de l'industrie.

Paris critique la méthode de la Commission, qui a lié les échéances 2035 et 2040, quand l'ONU réclamait en février dernier que les pays signataires de l'Accord de Paris publient leur engagements de décarbonation pour 2035 (les "contributions déterminées au niveau national", les NDC dans le jargon onusien).

En temporisant, la France et l'Allemagne s'efforcent aussi de ménager leur opinion publique, alors que l'extrême droite, pourfendeuse de "l'écologie punitive" de Bruxelles, progresse de plus en plus.

Aux Nations Unies, on s'inquiète que l'UE perde l'effet d'entraînement qu'elle avait jusqu'ici sur les questions environnementales.

La COP30 ne "prend pas la voie d'un sommet magistral" à ce stade et l'Europe pourra se "dédouaner" en disant que les autres pays ne font pas mieux qu'elle, redoute une source onusienne.

T.Sauer--FFMTZ