Frankfurter Tageszeitung - L'eau de Perrier a deux mois pour se mettre en conformité, l'avenir reste incertain

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L'eau de Perrier a deux mois pour se mettre en conformité, l'avenir reste incertain
L'eau de Perrier a deux mois pour se mettre en conformité, l'avenir reste incertain / Photo: Sylvain THOMAS - AFP/Archives

L'eau de Perrier a deux mois pour se mettre en conformité, l'avenir reste incertain

Après des semaines de suspense, le préfet du Gard a ordonné mercredi à Nestlé de retirer sous deux mois son système de microfiltration controversé de l'eau Perrier et doit dans les trois mois renouveler ou non l'autorisation d'exploitation des célèbres bouteilles vertes comme "eau minérale naturelle".

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La santé des consommateurs n'est pas menacée, puisque "les bouteilles +Perrier+ commercialisées jusqu'à ce jour ne présentent aucun risque", souligne dans son communiqué le préfet du Gard, Jérôme Bonet.

L'enjeu se situe avant tout sur le plan économique, en premier lieu pour Nestlé Waters, maison mère de Perrier dont l'image s'est sérieusement ternie, et pour le millier d'employés de l'usine de Vergèze, où l'eau est captée, et leurs familles, dans un département où l'emploi se fait rare.

Les eaux minérales naturelles, qui sont vendues le plus cher, sont encadrées par une directive européenne de 2009, qui les définit par leur teneur en minéraux et leur "pureté originelle" et indique qu'elles ne peuvent faire l'objet d'aucune désinfection et d'aucun traitement de nature à modifier leur "microbisme" (flore microbienne).

Début 2024, le groupe Nestlé avait publiquement reconnu avoir utilisé par le passé des traitements interdits (ultraviolets et charbon actif), puis les avoir remplacés par un système de microfiltration "cartouche à 0,2 micron", nécessaire selon lui pour "assurer la sécurité alimentaire" des produits.

C'est donc ce système de microfiltration que Nestlé va devoir supprimer sur son site de Vergèze, les autorités estimant, en se fondant sur l'avis des experts de l'Agence régionale de Santé (ARS) Occitanie, que ce dispositif "modifie le microbisme de l'eau produite, en contradiction avec la réglementation en vigueur".

Parallèlement, la préfecture du Gard a précisé poursuivre "l'instruction de la demande de renouvellement de l'autorisation" accordée à Nestlé pour exploiter ses forages de Vergèze "destinés à la fabrication d'eau minérale naturelle" Perrier. La décision "devra intervenir avant le 7 août".

- "Deux mois pour trouver des solutions" -

"Un traitement interdit en a remplacé un autre. Le gouvernement, qui avait validé le plan de transformation de Nestlé Waters, est lourdement fautif", a réagi le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, rapporteur de la commission d'enquête sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille mise en place en novembre et dont le rapport est attendu le 19 mai.

"Comment produire de l'eau minérale naturelle alors que la pureté originelle de l'eau n'est plus assurée (...) ? Comment assurer désormais une sécurité sanitaire optimale avec un système de filtration par définition moins efficace?", s'est-il interrogé, dénonçant des "dysfonctionnements graves qui ont fragilisé l'Etat autant que les sites du groupe Nestlé et leurs salariés".

"Aujourd'hui, l'urgence est d'accompagner Nestlé et ses salariés dans la transformation qui sera nécessaire pour limiter la microfiltration. Nous avons deux mois pour trouver les solutions qui permettront de se mettre en conformité avec la norme", a de son côté estimé dans un communiqué la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS).

Concernant la possibilité pour Nestlé de continuer à exploiter ses cinq forages d'eau minérale naturelle Perrier à Vergèze, des hydrogéologues sollicités par la préfecture du Gard ont d'ores et déjà rendu un avis négatif, avait révélé le 9 avril devant la commission sénatoriale le directeur général de Nestlé, Laurent Freixe.

Face à la difficulté pour lui de produire à Vergèze une eau respectant les normes requises pour les eaux minérales naturelles, le groupe Nestlé avait déjà réaffecté en 2022 deux forages du site pour produire sa nouvelle marque "Maison Perrier", des boissons aromatisées vendues sans l'appellation "eau minérale naturelle".

L'association de consommateurs Foodwatch a estimé mercredi que "cette décision va dans le bon sens", espérant que l'information judiciaire entamée parallèlement permettra de "faire toute la lumière sur les agissements commis par la multinationale et ses responsables".

"Perrier, c'est notre histoire. On a tous connu des gens de notre famille, depuis des générations, qui travaillent à Perrier", avait déclaré fin avril auprès de l'AFP la maire de Vergèze, Pascale Fortunat-Deschamps.

M.Schub--FFMTZ