Frankfurter Tageszeitung - Aux Etats-Unis, la Fed pas prête à desserrer l'étau sur les taux

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Aux Etats-Unis, la Fed pas prête à desserrer l'étau sur les taux
Aux Etats-Unis, la Fed pas prête à desserrer l'étau sur les taux / Photo: Brendan SMIALOWSKI - AFP/Archives

Aux Etats-Unis, la Fed pas prête à desserrer l'étau sur les taux

La Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) devrait une nouvelle fois laisser ses taux d'intérêt inchangés mercredi, le temps de voir comment la première économie mondiale encaisse l'offensive protectionniste de Donald Trump.

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Le Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine rendra sa décision à 14H00 (18H00 GMT) et son président Jerome Powell tiendra 30 minutes plus tard sa traditionnelle conférence de presse, très attendue par les acteurs de la finance.

Ces derniers anticipent un statu quo sur les taux, qui sont depuis décembre dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

Les marchés vont donc surtout guetter d'éventuels changements de ton chez Jerome Powell, et des indices sur le calendrier des responsables de la Fed.

Ceux-ci ont fait savoir qu'avant de bouger les taux - qui guident le coût du crédit pour les entreprises et particuliers -, ils voulaient avoir assez de données sur la tournure de l'économie américaine face au bouleversement de ses échanges avec le reste du monde.

Depuis la dernière réunion de la banque centrale, en mars, le président Donald Trump a annoncé une nouvelle volée de taxes sur les produits importés aux Etats-Unis.

Le chef de l'Etat a partiellement fait marche arrière - sauf pour la Chine -, mais les droits de douane sont nettement plus élevés qu'avant le début de son second mandat.

Les baromètres économiques réguliers montrent une nervosité croissante, de même que les récentes communications des entreprises, à l'occasion de la présentation de leurs résultats.

Pour l'heure, les indicateurs officiels n'ont pas déraillé: 4,2% de chômage en avril, 2,3% d'inflation en mars, légèrement au-dessus de la cible de la Fed.

- "Génie de l'inflation" -

Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre, publiés la semaine dernière, ont néanmoins fait l'effet d'un coup de semonce, avec un recul de 0,3% en rythme annualisé.

Ces données reflètent avant tout une envolée des importations, qui se soustraient au calcul du PIB. Entreprises et ménages ont en effet cherché à prendre de vitesse l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane.

"Il est bien trop tôt pour évaluer l'impact des droits de douane", tranchent dans une note les analystes de la banque UniCredit.

Ils s'attendent à une baisse de taux au plus tôt en septembre, une fois que la Fed y verra plus clair.

Ryan Sweet, chef économiste chez Oxford Economics, pense même que cela n'interviendra pas avant décembre, et qu'ensuite la banque centrale "réduira fortement ses taux" en 2026, "quand l'inflation liée aux droits de douane commencera à se tasser, et que le marché du travail deviendra davantage un motif d'inquiétude".

Après des années à combattre l'inflation post-Covid, "le plus difficile pour la Fed serait de gérer une situation où le génie de l'inflation sort de la lampe", estime-t-il dans une note.

La banque centrale a en revanche selon lui "beaucoup de marges de manoeuvre pour baisser agressivement ses taux si l'économie faiblit plus qu'anticipé".

Reste qu'aucun de ces scénarios - un coût de la vie plus élevé et/ou plus de chômage - ne paraît enviable.

Pendant ce temps, Donald Trump appelle avec insistance la Fed à baisser ses taux. Cela aurait pour effet d'amortir l'impact de ses politiques en donnant un coup de fouet à l'économie, au risque de nourrir l'inflation.

Le président a qualifié le mois dernier Jerome Powell d'"immense loser" et semblé chercher un moyen de s'en débarrasser.

L'éventualité d'une remise en cause de l'indépendance de la Fed, un pilier de l'économie américaine, a apeuré les marchés financiers. Donald Trump a fini par dire qu'il n'avait "pas l'intention" de le renvoyer - tout en continuant de le critiquer vertement.

Le mandat du patron de la Fed, qui n'a qu'un droit de vote parmi 12, court encore un an.

J.Hoffmann--FFMTZ