

Au Luxembourg, un Grand-Duc en style pop art pour bousculer les traditions
Des coeurs rouges dessinés à la place des yeux ou des bandes verticales orange et bleu pour habiller une photo du Grand-Duc en uniforme: l'artiste luxembourgeois Jacques Schneider bouscule le style du portrait officiel avec une touche de pop art.
L'objectif n'est pas de retapisser toutes les administrations publiques avec ses oeuvres, explique l'artiste en souriant, et "chacune fera ce qu'elle veut" à l'heure de remplacer au mur le visage du Grand-Duc Henri par celui de son héritier Guillaume.
Mais la succession au trône prévue la semaine prochaine est vue comme une occasion rêvée pour mettre à nouveau en lumière son travail. Il organise une rétrospective de ses vingt années de création jusqu'à fin décembre à Berchem, au sud de Luxembourg-Ville, où la rencontre avec l'AFP a eu lieu.
Le 3 octobre, lors d'une cérémonie réunissant dans la capitale luxembourgeoise les chefs d'Etat des pays voisins, notamment de France et d'Allemagne, le Grand-Duc Henri, 70 ans, abdiquera au profit de son fils aîné Guillaume, 43 ans, après un quart de siècle sur le trône.
Un événement qualifié d'historique dans ce petit pays de moins de 700.000 habitants, et que Jacques Schneider prépare depuis plusieurs mois à sa façon, avec une nouvelle série de peintures "monarchiques" débordant de couleurs vives.
Pour la touche de peinture sur les tirage numériques, il fait notamment la part belle à l'orange, en référence à la dynastie des Orange-Nassau, une ascendance lointaine que la monarchie luxembourgeoise partage avec sa voisine néerlandaise.
Une de ses pièces maîtresses est un portrait de Henri tout sourire au mariage de Guillaume, en 2012, portant l'uniforme de parade de l'armée luxembourgeoise.
- "Continuité" -
En bleu derrière lui est dessinée l'ombre de son père Jean, censé guider son pas dans cette fonction. Schneider aime jouer avec les symboles. Là l'oeuvre révèle la "stabilité" et la "continuité" de l'Etat garanties avec la monarchie constitutionnelle.
Après le père, qu'il dit avoir comme modèle depuis une quinzaine d'années, l'artiste a réussi à convaincre le fils et son épouse de se prêter aux séances de pose, lors d'une rencontre en 2024, quand le processus de transition venait d'être lancé.
"On s'est retrouvés au palais autour d'une petite table, et là le prince a sorti une fiche mentionnant tous les endroits dans lesquels il avait vu mes tableaux, j'étais très flatté", souligne ce quadragénaire à la longue barbe soignée.
"Pour le shooting, dans la salle de réception du palais, un grand salon doré, je savais exactement ce que je voulais. La séance avec le couple Guillaume-Stéphanie a duré moins de quatre minutes", affirme-t-il. "Je leur ai présenté le travail une semaine plus tard, et ils ont validé toutes les photos".
Il juge "incroyable" d'avoir ainsi eu carte blanche pour ses portraits.
Parmi les invités de la couronne grand-ducale pour la succession du 3 octobre figurent le président français Emmanuel Macron, son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, le couple royal des Pays-Bas Willem-Alexander et Maxima, et celui de Belgique, Philippe et Mathilde. Philippe est un cousin du Grand-Duc Henri.
E.Kaiser--FFMTZ