Frankfurter Tageszeitung - Avant la décision du tribunal jeudi, les magasins Naf Naf se préparent déjà à fermer

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Avant la décision du tribunal jeudi, les magasins Naf Naf se préparent déjà à fermer
Avant la décision du tribunal jeudi, les magasins Naf Naf se préparent déjà à fermer / Photo: Dimitar DILKOFF - AFP

Avant la décision du tribunal jeudi, les magasins Naf Naf se préparent déjà à fermer

Des affichettes annonçant une fermeture prochaine sur certaines vitrines, des vendeuses lasses, des clientes déçues: dans une ambiance pesante, la marque de prêt-à-porter Naf Naf, en redressement judiciaire, attend d'être fixée sur son sort jeudi.

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"Naf Naf vous dit au revoir" : dans plusieurs boutiques parisiennes, le plus malin des trois petits cochons qui a donné son nom à la marque de mode féminine iconique des années 90 salue tristement ses clientes via quelques pancartes.

Car jeudi, le tribunal devra trancher sur les offres de reprise partielle qui ont été déposées pour l'enseigne en difficulté voire, si aucune n'est validée, se résoudre à une liquidation.

Le climat est morose à l'intérieur des boutiques du centre de la capitale, où plusieurs employées dénoncent auprès de l'AFP des directions successives qui "n’écoutent pas" et qui "reproduisent les mêmes erreurs".

De fait, la marque "Au Grand Méchant Look" a connu trois redressements judiciaires successifs, dont le dernier en mai inquiète ses quelque 600 employés en France.

"Rien ne change, au premier redressement, il fallait fermer des boutiques puis relancer la marque", résume une vendeuse. Sa collègue renchérit: "Certaines (clientes) ne reconnaissent pas la marque. On entend ça depuis 3, 4 ans, depuis le premier rachat. La marque a dégringolé, et ils continuent de s’enfoncer".

Dans les points de vente du sud parisien, les portants se dégarnissent, les cartons s'empilent à l’étage et les clientes se font rares dans cette atmosphère de déstockage. "Depuis cinq ans, on a enchaîné les changements de propriétaire. Les prix ont augmenté, la qualité a baissé", déplore une salariée.

La même nostalgie transparaît chez les clientes dont Sabrina, 45 ans : "J’ai grandi avec Naf Naf. Avant, quand on voulait une belle robe, on venait ici". La quadragénaire regrette de moins bonnes finitions et des tissus "cheap" (bon marché, NDLR) et soupire : "Ça serait dommage que ça ferme parce que je n’aime pas acheter sur internet et aujourd'hui tout ferme".

En France, Naf Naf emploie 588 salariés, avait noté le tribunal dans la décision de redressement de judiciaire en mai.

- Des offres de reprise partielle -

Le Groupe Beaumanoir (Caroll, Bonobo, Cache Cache, etc.) a offert de reprendre la marque Naf Naf et 12 magasins en France, "sélectionnés pour leur emplacement stratégique permettant au groupe de poursuivre et renforcer son maillage territorial sur ses marques actuelles", a-t-il déclaré à l'AFP.

"L’offre inclut également la reprise de 48 collaborateurs rattachés à ces magasins et près de 250 offres de reclassement supplémentaires au sein de ses différentes enseignes", a complété le groupe qui a partiellement racheté en juin la marque de prêt-à-porter féminin Jennyfer.

La CFDT s'est dite non favorable dans un communiqué de fin juillet à cette proposition prévoyant "la reprise d’un nombre très limité de magasins et de salariés" et considère de ce fait qu'elle "s’apparente davantage à une offre liquidative".

L'offre qui trouve grâce aux yeux du syndicat est celle d'Amoniss, propriétaire de Pimkie, qui aimerait "reprendre 30 magasins tout en gardant la marque Naf Naf, avec la reprise de 146 CDI", dévoile la CFDT.

Cette dernière ne cache toutefois pas ses inquiétudes, la situation financière du candidat restant "fragile".

Sollicité par l'AFP, Amoniss n'avait pas réagi dans l'immédiat.

Confrontée à "des difficultés de trésorerie", Naf Naf avait été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) en mai.

En juin 2024, après un précédent redressement judiciaire, le repreneur turc Migiboy Tekstil s'était engagé à sauver 90% des emplois et conserver une centaine de boutiques en propre. A l'époque, la société avait offert plus de 1,5 million d'euros pour reprendre l'enseigne française.

Ce faisant, l'entreprise turque avait sauvé 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, et repris les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique.

R.Winkler--FFMTZ