

Lea Massari, à l'aise dans le drame des deux côtés des Alpes
L'Italienne Lea Massari, dont le décès à 91 ans a été annoncé mercredi, a autant tourné dans son pays natal qu'en France, comme dans le film culte de Michelangelo Antonioni, "L'avventura", ou "Le souffle au cœur" de Louis Malle.
A l'aise dans le registre dramatique, elle a été dirigée par des réalisateurs de premier plan, de Sergio Leone à Claude Sautet, de Francesco Rosi au cinéaste espagnol Carlos Saura.
Personnalité indépendante et exigeante dans ses choix, elle était "capable d'habiter les personnages sans alimenter les légendes", c'est-à-dire de faire son travail sans éprouver le besoin de mettre en scène sa vie privée, a écrit le quotidien français Le Figaro.
"Dans ma vie, le cinéma ne vient qu'après la musique, la solitude, la mer et les animaux", assurait-elle. Proche de Brigitte Bardot dans ce combat pour la cause animale, Lea Massari ne fut jamais une starlette (à ses débuts) ou une star (plus tard).
Actrice au jeu expressif et nuancé, elle a tourné avec des acteurs comme Yves Montand, Jean-Paul Belmondo, Gian Maria Volonté, Mel Ferrer ou Anthony Perkins, acceptant aisément des seconds rôles si le projet lui semblait de qualité.
Lea Massari, née Anna Maria Massatani, naît le 30 juin 1933 à Rome dans un milieu aisé. Elle suit des études d'architecture en Suisse avant de travailler, en Italie, dans le domaine des décors de cinéma.
Le réalisateur Mario Monicelli la remarque et lui offre, en dépit de son inexpérience, le rôle féminin principal dans "Du sang dans le soleil" ("Proibito", 1954), son premier film. Elle prend un pseudo, son nouveau prénom étant un hommage à son fiancé qui vient de décéder, Leo Massari.
- Une cinquantaine de films -
En 1960, elle rencontre le succès (même si le film déstabilise le public) dans "L'Avventura" (avec Monica Vitti) qui raconte en partie la recherche d'une jeune femme ayant disparu avant son mariage et qui impose une vision novatrice de l'art cinématographique.
Un an plus tard, elle joue dans le célèbre péplum de Sergio Leone, "Le colosse de Rhodes", et "Une vie difficile" de Dino Risi.
Elle est remarquée en France en 1964 dans "L'insoumis" d'Alain Cavalier, avec Alain Delon, qu'elle retrouvera dans un film italien de Valerio Zurlini, "Le Professeur" en 1972. Mais c'est en 1971 dans "Le souffle au cœur", pour son rôle de mère ayant des relations incestueuses avec son fils, qu'elle fait le plus parler d'elle.
Souvent qualifiée d'"actrice la plus française des vedettes italiennes", Lea Massari devient alors très sollicitée et enchaîne les succès au cinéma : "Les Choses de la vie", de Claude Sautet, "La Course du lièvre à travers les champs", de René Clément, "Le silencieux" de Claude Pinoteau, "Le fils" de Pierre Granier-Deferre, "Allonsanfan" des frères Taviani, "Peur sur la ville", d'Henri Verneuil, "Le Christ s'est arrêté à Eboli", de Francesco Rosi etc.
A partir du milieu des années 80, après une cinquantaine de rôles, elle se fait plus discrète sur les écrans. Désireuse de ne pas se laisser dévorer par le métier, elle refuse, dit-elle, d'"être une bête de spectacle". Elle s'installe alors en Sardaigne avec son mari de l'époque, un ami d'enfance devenu pilote de ligne.
Lea Massari, qui fut membre du jury du festival de Cannes en 1975, avait aussi fait un peu de théâtre et de télévision entre 1960 et les années 80, uniquement en Italie.
U.Lindner--FFMTZ