

Au procès Kardashian, le chauffeur qui a tout oublié du braquage
Il est un témoin-clé de la soirée du braquage de Kim Kardashian il y a neuf ans. Mais devant la cour d'assises de Paris mercredi, le chauffeur rentré en trombe et en catastrophe avec le garde du corps à l'hôtel de la star américaine ne se souvient de rien.
L'homme en jean et sweat noirs à la barre donne direct le ton: "J'ai pas grand chose à vous dire, je sais même pas pourquoi je suis là".
"C'est sérieux", c'est "important", "faites un petit effort de mémoire", les accusés encourent de "lourdes peines", essaie de sensibiliser plusieurs fois le président David De Pas face à ce témoin pas très engageant ni engagé dans sa déposition.
Le soir du 2 octobre 2016, il est appelé à la rescousse par la société de chauffeurs habituels qui gère la famille Kardashian. Kim, venue pour la Fashion Week, et sa soeur Kourtney, sortent beaucoup, à tout heure. Le chauffeur principal est épuisé et a besoin d'un relais pour cette nuit.
"J'ai commencé tard, j'étais avec une des soeurs de Kim Kardashian", dit le témoin à la barre. Laquelle ? "Je sais pas, elles se ressemblent toutes".
Le président voulait un récit "spontané" de son souvenir de la soirée, il devra arracher les réponses une par une.
Dans le souvenir de Mohamed Q., il dépose ce soir-là (vers 2H00) Kourtney Kardashian et le garde du corps de la famille à la boîte de nuit L'Arc. Fatiguée en ayant prévu de repartir tôt le lendemain matin aux Etats-Unis, Kim Kardashian est restée dans sa chambre du discret hôtel de luxe "No address", rue Tronchet.
"Un quart d'heure après", il voit le garde du corps sortir de la boîte de nuit en courant. "Il me dit: +Roule vite en direction de l'hôtel, appelle la police, il se passe un problème+. Il parle anglais... +call the police+", explique le témoin.
"C'est ce que vous faites ?", demande le président.
"Je me rappelle même plus si j'ai réussi à les avoir, en plus j'étais en sens inverse sur les Champs Élysées".
"Ah oui quand même".
- "La vie continue" -
Arrivés à l'hôtel quelques minutes plus tard dit le témoin, le garde du corps se précipite à l'intérieur mais lui reste sur le trottoir.
Il comprendra "vaguement" qu'il y a eu braquage, séquestration de Kim Kardashian dans sa chambre d'hôtel mais pas plus, assure-t-il au président qui le regarde les yeux ronds.
Car certes, le temps a passé - neuf ans depuis que la reine des influenceuses s'est fait dérober neuf millions d'euros de bijoux - admet le magistrat, mais quand même. Il relit au témoin la déposition qu'il avait faite devant la police à l'époque, au lendemain des faits.
Le chauffeur avait détaillé comment, contrairement à ce qu'il vient de raconter, il était bien rentré dans l'hôtel avec le garde du corps. Avait ouvert la porte de l'escalier de service et découvert le réceptionniste "ligoté aux pieds avec des serflex (colliers de serrage, NDLR) et menottes aux poignets", avait-il décrit.
"Je me souviens pas", lâche le témoin à la barre, pas déstabilisé pour un sou.
Le président hausse le ton, incrédule. "Vous ne vous souvenez pas d'avoir vu un homme ligoté à l'hôtel particulier ?"
"J'ai pas le souvenir". Le président le fixe longuement en silence.
"Ca vous a pas marqué". "J'imagine que dans votre vie vous voyez pas tous les jours un homme ligoté ?"
Le témoin confirme. Nouveau silence. "On est sérieux là ?", demande le président. "Ah oui plus que sérieux".
"Vous avez pas du tout été marqué pas cette histoire ?".
"Ah non franchement pas du tout", lâche le témoin.
"Mais le monde entier est au courant !", s'étrangle le président.
"Ah non mais moi la vie continue, en plus j'ai pas gagné d'argent cette nuit-là, j'ai pas été payé finalement".
Les auditions de témoins se poursuivent dans l'après-midi, avec celle du chauffeur principal de Kim Kardashian pendant le séjour, puis celle de son garde du corps.
I.Schulz--FFMTZ