

Le RN perquisitionné dans une enquête sur le financement de ses campagnes électorales
Une perquisition était en cours mercredi au siège du Rassemblement national, menée par la brigade financière et deux juges d'instruction, dans le cadre d'une enquête pour financement illicite des campagnes électorales du parti d'extrême droite en 2022 et 2024.
Le président du RN, Jordan Bardella a dénoncé sur X un "acharnement" en annonçant cette perquisition qui a démarré mercredi à 08H50, au siège du parti dans le XVIe arrondissement de Paris et est menée par "une vingtaine de policiers de la brigade financière" et "deux juges d'instruction".
Le parquet a confirmé l'information et précisé que d'autres perquisitions avaient été menées simultanément dans des sociétés et au domicile de leurs dirigeants.
Jordan Bardella a expliqué que "tous les mails, documents et éléments de comptabilité" avaient été saisis, les "bureaux des dirigeants" du parti fouillés. "L'intégralité des dossiers qui concernent les dernières campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes sont aujourd'hui entre les mains de la justice", a-t-il ajouté.
Ces investigations doivent "permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement National, ainsi que par des surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l'état des dépenses de campagne", a ajouté le parquet.
Jordan Bardella, qui pourrait devoir remplacer Marine Le Pen à la présidentielle de 2027 si celle-ci est déclarée inéligible par la cour d'appel de Paris, a dénoncé une "opération spectaculaire et inédite" qui s'inscrit selon lui "dans une nouvelle opération de harcèlement".
"Soupçonner d'+exercice illégal de la profession de banquier+" nos militants – souvent âgés, honnêtes, engagés – qui prêtent au RN faute de banque prête à le faire, c'est une farce", a-t-il estimé dans un nouveau message, dénonçant une procédure qui "n'a rien à voir avec la justice, tout à voir avec la politique".
- Prêts de particuliers -
L'information judiciaire s'appuie sur un signalement de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) pour des prêts accordés par des particuliers au mouvement d'extrême droite.
Ces prêts accordés aux partis politiques par des particuliers sont autorisés, selon des conditions précises et avec un plafond, mais le RN est "le parti qui les a le plus utilisés", avait expliqué le 1er juillet dernier le président de la CNCCFP, Christian Charpy.
Ces dernières années, le parti à la flamme a "concentré une forte majorité" de ce type d'emprunts: 613 en 2021 sur un total de 764 tous partis confondus, puis 425 en 2022 (sur un total de 492) et encore 96 en 2023 (sur un total de 123), selon ce responsable.
Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser "auprès de personnes physiques", le plus ancien remontant à 2007. "Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés", avait souligné M. Charpy la semaine dernière.
- "Magouilles et mensonges" -
Ces perquisitions alourdissent l'actualité judiciaire autour du RN.
Mardi, le parquet européen a ouvert une enquête sur la famille politique à laquelle appartenait le Rassemblement national au Parlement européen avant 2024 pour diverses irrégularités financières.
Le 31 mars, Marine Le Pen a été condamnée en première instance à une peine de quatre ans de prison, dont deux sous bracelet électronique, 100.000 euros d'amende et surtout cinq ans d'inéligibilité immédiate, qui pourraient lui barrer la route de l'Élysée en 2027.
Le tribunal correctionnel de Paris avait estimé qu'elle était au "cœur" d'un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l'argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016. Le montant total des détournements s'élève à 4,4 millions d'euros.
Elle a fait appel de cette condamnation et la cour d'appel s'est engagée à rendre sa décision à l'été 2026.
"Un an après avoir volé les élections par ses magouilles et ses mensonges, le Système sombre dans les basses œuvres", a commenté sur X le président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, Jean-Philippe Tanguy. "Les institutions sont dévoyées par des bandes qui veulent garder le pouvoir à tout prix !", a-t-il lancé.
C.Engel--FFMTZ