Frankfurter Tageszeitung - Syrie: le plus influent chef druze s'en prend au pouvoir, dénonce des "massacres"

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Syrie: le plus influent chef druze s'en prend au pouvoir, dénonce des "massacres"

Syrie: le plus influent chef druze s'en prend au pouvoir, dénonce des "massacres"

Le plus influent chef religieux druze en Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, après des combats confessionnels ayant fait plus de 70 morts en deux jours selon une ONG.

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Ces heurts près et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

Réagissant sur X, le chef de la diplomatie syrienne Assaad al-Chaibani a jugé que "tout appel à une intervention étrangère, sous quelque prétexte ou slogan que ce soit, mènera à une détérioration de la situation et à davantage de divisions".

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ainsi qu'à Soueïda à majorité druze ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

- "Engagement ferme" -

Les combats ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés ont été tués, ainsi que 15 combattants druzes et un civil mardi et mercredi à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda (sud), 27 combattants druzes ont péri mercredi, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

A cette occasion, le pouvoir syrien a réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

- "Etendre le chaos" -

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

La France a condamné "les violences confessionnelles meurtrières à l'encontre des druzes en Syrie" et appelé "Israël à ne pas conduire d'actions unilatérales susceptibles d'aggraver les tensions communautaires".

W.Werner--FFMTZ